Fuir la soirée du premier de l’an.
Comment bien fuir sont 31 ? La recette n’est pas plus compliquée que l’organisation d’un jour de l’an « classique », à l’exception que l'on ne finisse pas avec la gueule de bois le 1ᵉʳ janvier, afin de voir le premier lever de soleil de cette nouvelle année, sur votre chaîne de montagne préférée.
Combien de fois ai-je regretté d'avoir trop arrosé le dernier jour de l’année. Les cheveux qui poussent à l’envers, le casque à pointe, la cabane sur le chien ! A chaque fois je me suis fait cette réflexion rabat-joie : C’est quoi la différence avec les autres soirées ? Ha ! Si c’est vrai, à minuit précisément, j’ai ''gueulé'' comme un sourd « bonne année » dans l’oreille de mon voisin. Le lendemain ? Eh bien un zombie qui erre entre le lit, le salon et les ''chiottes''. Avec un peu de chance, juste une grosse fatigue qui autorisera un tour à l’extérieur si le soleil brille, au pire, malade comme un chien à faire des allers-retours entre demi-sommeil et position agenouillée devant la cuvette à attendre que ça sorte. Oui, je vous entends déjà « c’est que tu ne tiens pas la marée ! » Non mon capitaine ! Il m’en faut peu pour être heureux (donc peu pour être cuit :).
Bref, le 31, j’aime le fuir.
Alors, je ne vais pas vous dire comment préparer LE meilleur 1er de l’an, mais comment JE prépare MON meilleur 1er de l’an. C’est franchement simple.
Des pote(s).
Une cabane pyrénéenne isolée dans la montagne.
Un repas digne de ce nom.
Pour ce dernier jour de 2021, on a décidé de retrouver une cabane que l’on connait bien, celle de Caillabère, dans le haut de la vallée d’Aspe. Depuis les forges d’Abel, cette cabane est accessible en un peu plus de deux heures, une jolie randonnée que vous retrouverez dans Haize vol.2. Entre forêt de pins et combe enneigée, on termine l’ascension par le signal d’Espelunguère, aussi appelé pic de Gabedaille.
C’est une petite cabane de berger, utilisée l’été par ce dernier. Elle reste, comme la plupart d’entre elle, ouverte hors estives pour les randonneurs de passage. Au fur et à mesure des années elle s’améliore, on est passé des lits à ressorts métalliques qui vous glaçaient le dos, au sommier de bois grand luxe ! Le berger s’est même installé « l’eau courante » et l’électricité. Mais, ne rêvez pas, pas d’eau au robinet en hiver, ni d’électricité par mesure de sécurité. Malgré tout, c'est pour nous un vrai palace, le poêle fonctionne à merveille pour faire cuire la côte de bœuf et l'on pourra même admirer les étoiles au chaud à travers le Velux.
Cette fois, on décide de voir le coucher de soleil au sommet. Après deux heures à trimer dans une neige de printemps pourri, entre surface gelée et dessous complètement mou, nous voilà à chausser les crampons pour monter les derniers mètres. On connait le spectacle par cœur, mais c’est toujours aussi beau. À l’ouest s’étendent les montagnes espagnoles et j’aperçois le sommet de Lakora, un autre magnifique souvenir de bivouac. À l’est, c'est JP qui pointe le bout de son nez, ainsi que le pic du Larry, là aussi, un joli souvenir de 1er de l’an, celui de 2019 dont je vous glisserais quelques photos dans cet article. Les dernières lumières embrasent tous ces sommets et le silence règne. Le dernier jour de l’année dans le calme et la beauté… mais ce n'est pas le tout, on a un repas de 31 à préparer !
Nous faisons nos adieux à ce dernier soleil de l’année et nous redescendons quatre à quatre, frontales vissées sur la tête, avec les estomacs qui gargouillent.
Les lignes qui vont suivre peuvent déplaire aux végans, je respecte la conviction de chacun, mais ''bon dieu'' que j’aime la viande ! Nous voilà à l’heure de sortir les victuailles. Cette année, heureusement que Ben a prévu le repas, je m’étais résigné à un repas lyophilisé… looooseeeeer ! Oui, vous pouvez ! Finalement, mes soupes et crumbles déshydratés feront de parfaites entrées et de bons désserts pour accompagner le merveilleux menu de mon collègue. Pâté, foie gras, txulet et une quille de rouge. Bien sûr, j’avais ma flasque de rhum et prévu café et thé, un vrai repas de chef !
En 2019, c'était une raclette, certains avaient apporté les caquelons et le fromage, d’autres fait cuire les pommes de terre et pris le rouge. Dans les deux cas, le schéma est ravissant, un bon repas de famille à la chaleur du poêle, dans le silence des montagnes. Puis, pour bien finir, un thé avec une lampée de rhum en regardant les étoiles. Alors non, on n'a pas ''gueulé'' ''bonne année'' dans l’oreille de notre voisin et oui, on s'est endormis bien avant minuit. Pas réveillé par la bouche sèche ou le ventre qui se tord de douleur, ou carrément l'envie de vomir. Rien de tout ça, on a dormi comme des bébés et le sommeil nous à amener tranquillement vers ce premier jour de l'année 2022.
Pour ce premier matin de l’année, ce sera « chill » à la cabane. En 2019, nous étions partis très tôt le matin, à la frontale, pour faire l’ascension du pic de Larry. Dans les deux cas, quel bonheur de se réveiller frais devant un magnifique lever de soleil.
Le premier café de l’année à la main, je me pose sur le muret de la cabane et dans le silence de la montagne, je reste un bon moment à contempler le soleil monter dans le ciel.
Comme il paraît que la bonne année se souhaite jusqu’au 31 janvier, je vous souhaite à toutes et tous, une belle et douce année 2022.